Le métier de syndic de redressement joue un rôle crucial dans la gestion et la réhabilitation des copropriétés en difficulté. À cette occasion, nous avons interviewé Eric Camilleri, Président du Cabinet Camilleri à Nîmes, un syndic de redressement expérimenté, dont nous découvrons les défis, les motivations et les responsabilités inhérentes à cette profession. Cet article explore les aspects particuliers de la gestion des copropriétés dégradées, l’importance de l’engagement humain et social, ainsi que les obstacles rencontrés quotidiennement par les syndics de redressement.
Une charge de travail considérable
Le rôle de syndic de redressement se distingue nettement de celui de syndic traditionnel, Eric Camilleri explique que ce type de gestion s’applique principalement aux copropriétés situées dans des quartiers dégradés, souvent marqués par des problèmes sociaux et économiques. Ces copropriétés nécessitent une attention particulière et un volume de travail bien supérieur à celui d’une gestion classique, les tâches administratives sont considérablement alourdies par les plans de sauvegarde et de réhabilitation.
« Le temps de travail est beaucoup plus conséquent par rapport à une copropriété traditionnelle, c’est même incomparable. Et encore plus quand on rentre dans le cadre d’un plan de sauvegarde et de réhabilitation de la copropriété » « Et d’ailleurs pour moi, la rémunération du syndic n’est malheureusement pas au niveau du travail et de l’implication qu’il apporte. Et il y a parfois même un manque à gagner »
« Dans la plupart des cas les copropriétés se retrouvent avec de forts impayés, donc le gros du travail aujourd’hui, c’est d’arriver à récupérer les fonds, à gérer les problèmes de contentieux, les problèmes de procédures et cela prend énormément de temps. »
M. Camilleri indique que l’implication va bien au-delà des simples tâches administratives : il est nécessaire de visiter les sites régulièrement et de maintenir une présence constante pour rassurer et soutenir les copropriétaires.
La motivation et l’engagement humain
Eric Camilleri exerce la profession de syndic depuis 37 ans, une carrière marquée par une profonde volonté d’améliorer les conditions de vie des habitants de ces quartiers difficiles. Cette motivation est largement alimentée par son expérience personnelle et son attachement aux valeurs humaines.
« En général, les copropriétés dégradées, sont dans des quartiers compliqués. Et on est pas du tout sur une gestion traditionnelle, mais sur une gestion atypique, avec un côté humain qui est dominant. » précise-t-il, soulignant le caractère unique de ces missions.
« J’ai vécu très longtemps dans les quartiers dans le 93. Même si ce sont des quartiers compliqués, il y a énormément de gens bien dans les quartiers, contrairement à ce qu’on peut aussi dire. Et quelque part on a surtout envie de les aider à sortir du mieux possible du quotidien compliqué qu’ils peuvent avoir, et c’est ce qui nous motive. »
« Pour moi on ne peut pas gérer des copropriétés dans ce genre de quartiers avec des problèmes de deal, et d’insécurité, si on en vient pas. Car en l’ayant vécu, on est plus à même de comprendre et de pouvoir les aider, les échanges sont plus simples. »
« On ne gère pas des chiffres, ni des numéros, c’est un véritable accompagnement qui va plus loin qu’un simple traitement de dossier, il y a une vraie notion de confiance. Je m’implique parfois même personnellement. »
« Il faut comprendre que la plupart du temps ce sont des personnes qui ont acheté dans des copropriétés qui à l’époque ont été construites dans des quartiers qui étaient agréables à vivre.
Bien sûr, je prends exemple sur les immeubles que j’ai en gestion à Nîmes, et en fin de compte, ce sont des quartiers qui ont mal évolué.
Donc quelque part, leur patrimoine a dévalué de façon importante et aujourd’hui, ils ne peuvent plus vendre, et se retrouvent complètement coincés financièrement. Ce sont ces cas de figure qui nous motive. »
La certification : une reconnaissance professionnelle
Devenir syndic certifié apporte une reconnaissance et une valeur ajoutée indéniables. Cette certification impose des méthodes de travail rigoureuses et un contrôle annuel, garantissant un niveau de qualité élevé comme peut l’expliquer Éric Camilleri.
« La certification QualiSR apporte une vraie valeur ajoutée, elle rassure les copropriétaires, ce qui nous permet aussi d’avoir un développement en dehors des copropriétés dégradées. »
« La certification nous permet d’avoir des méthodes de travail, et nous oblige à les appliquer, car nous sommes contrôlés tous les ans. Et c’est une bonne chose car cela nous permet de maintenir ce niveau de qualité avec des méthodes de travail efficaces vis-à-vis des copropriétaires. »